Instaurer des règles familiales efficaces

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Établir de bonnes règles familiales, c’est aussi instaurer un cadre pour guider les jeunes et les aider dans leur cheminement vers la vie adulte. Plusieurs points doivent toutefois être pris en considération pour qu’une règle disciplinaire soit véritablement efficace.

Une règle en lien avec une valeur est plus efficace

Une règle familiale, c’est une limite, un cadre, une norme, une vision éducative, mais aussi le reflet des valeurs familiales. Les valeurs ont une signification personnelle pour chacun; elles inspirent nos gestes, nos décisions et elles sont différentes d’une famille à l’autre. Quand votre jeune réussit à semer un doute dans votre esprit en vous répliquant que les parents de son amie ou ami sont beaucoup moins sévères que vous, rassurez-vous! En effet, nous ne priorisons pas tous les mêmes valeurs et donc les règles ne sont pas les mêmes dans chaque famille!

 

En général, pour être efficaces, les règles familiales doivent être en lien avec une valeur. Pourquoi? Pour vous permettre d’expliquer à votre jeune la direction que vous souhaitez donner aux différentes règles de la maison. Quand nous saisissons le sens d’une règle, il est généralement plus facile d’y adhérer.

 

Par exemple: «Tout le monde ramasse ses affaires dans la maison et chacun débarrasse son assiette après le souper». Cette règle, en plus de servir de référence et de cadre, reflète des valeurs: respect de l’autre, propreté et responsabilisation.

 

Différentes visions sur l’importance des règles à la maison

Un parent peut choisir d’envisager la discipline comme:

 

  • Un apprentissage et une formation pour son jeune: il apprend des stratégies de résolution de problèmes, un fonctionnement qui lui sera utile dans d’autres dimensions de sa vie. De plus, il apprend à faire un tri entre les comportements acceptables et ceux qui ne le sont pas.
  • Un accompagnement: l’adolescente ou l’adolescent est accompagné dans son cheminement vers la vie adulte et vers l’autodiscipline.
  • Un geste d’amour: discipliner, c’est aussi aimer son enfant!

 

Les 5 C d’une règle disciplinaire efficace

Claire

La règle représente une ou des valeurs importantes pour moi et pour l’autre parent. Elle est facilement compréhensible pour le jeune qui sait exactement ce que nous attendons de lui (quand, où et pourquoi) et ce qui sera mis de l’avant s’il y a comportement inadéquat.

 

Concrète

Le comportement qu’elle vise est simple, précis et l’objet de la règle est connu à l’avance. Elle se doit d’être spécifique. Par exemple, «être responsable» ou «faire preuve de maturité» ne veut pas dire grand-chose pour le jeune et ne correspond à rien de concret. «Respecter son couvre-feu» est beaucoup plus concret.

 

Cohérente

Elle ne doit pas contredire une autre règle. Cela pourrait créer une confusion ou une occasion pour le jeune de contourner les règles par manque de cohérence. Aussi, il est important que le parent suive les règles qu’il exige des autres. S’il demande que les cellulaires ne soient pas utilisés à table lors des repas, il devrait en faire de même.

 

Constante

La constance est souvent la partie la plus difficile de l’application des règles à la maison. La constance, c’est mettre une règle de l’avant qui définit le comportement attendu et qui exige de nommer le comportement inacceptable chaque fois qu’il se présente et toujours de la même façon. Cela facilite l’assimilation de la règle et sécurise le jeune qui est capable de prévoir les réactions de l’adulte. Il ne faut pas changer les règles au gré de nos humeurs! Il s’agit là d’une porte d’entrée pour la négociation du cadre, surtout chez les ados.

 

Conséquente

Si la règle n’est pas respectée, il faudra appliquer une conséquence ayant un lien direct avec le comportement, sans quoi le jeune comprend qu’il n’a rien à perdre à respecter ce qui est exigé.

 

Voici un exemple où l’on retrouve les 5 C:

 

«Je souhaite que tu sois dans ton lit à 21 h les soirs de semaine, du lundi au jeudi, parce que tu as de l’école et que je trouve important que tu fasses preuve d’attention en classe et que tu sois en forme. Je demande la même chose à tes frères et sœurs. Chaque fois que tu ne seras pas au lit à 21 h, le lendemain, tu te coucheras une heure plus tôt.»

 

Pourquoi appliquer des règles peut être difficile?

Prendre conscience des pièges de la discipline, c’est aussi prendre conscience de nos valeurs, de nos besoins, mais surtout de notre manière d’intervenir avec notre jeune. Plusieurs raisons peuvent expliquer qu’il soit difficile de maintenir les règles annoncées à son jeune.

 

Les émotions

Les émotions peuvent rapidement prendre le dessus dans certaines situations. Il arrive donc qu’il ne soit pas simple d’appliquer les mesures disciplinaires nécessaires, même s’il s’agit de mesures que le parent a lui-même fixées.

 

Vouloir être aimé à tout prix

Le désir des parents d’être aimés à tout prix peut rendre difficiles les situations où ils doivent discipliner leur jeune. En effet, lorsque le jeune est contrarié, il peut donner l’impression de ne plus aimer ses parents. Il est alors tentant pour ces derniers de répondre aux désirs de l’enfant plutôt qu’à leurs besoins.

 

Passer ses rêves à l’enfant

Il peut être tentant de voir son jeune comme une extension de soi et de lui demander, explicitement ou implicitement, qu’il réalise vos propres rêves, qu’il dépasse vos échecs. Imposer vos rêves peut s’avérer frustrant pour votre jeune ainsi que pour vous. Cela pourrait même l’amener à rejeter certaines règles disciplinaires, les considérant comme injustifiées.

 

Croire que la conséquence est déjà efficace

Il faut se donner du temps pour mettre en place une conséquence. Le parent a intérêt à essayer plusieurs fois une même stratégie avant de l’abandonner. Une conséquence apporte rarement les modifications souhaitées dès la première fois, surtout si le comportement inacceptable est présent depuis un bon moment!

 

Prendre les choses personnellement

Il est parfois tentant de confondre certains comportements dans le développement de notre enfant avec des affronts. Si les comportements sont interprétés comme des attaques personnelles, il est possible que le jeune soit vu négativement et que cela teinte l’ensemble des interventions et de la relation affective parent-enfant.

 

Vouloir être un parent parfait

Il est tout à fait normal de vouloir se sentir compétent. Cependant, poussé à son extrême, ce besoin peut devenir une exigence: être le parent parfait, celui qui suit le mode d’emploi à la lettre. Difficile quand un tel mode d’emploi n’existe pas! Cela peut parfois même amener le parent à vivre beaucoup d’insécurité dans ses interventions disciplinaires ou dans l’ensemble de sa relation affective avec le jeune.

 

Peur que son enfant s’éloigne

Parfois, il peut être difficile de gérer le fait que notre jeune doit apprendre à devenir plus autonome et, donc, que sa relation avec nous est appelée à changer. Cela peut contrarier notre besoin de sentir que notre jeune a besoin de nous. Il peut alors devenir très difficile de le soutenir dans sa démarche d’autonomie et d’affirmation.

 

Peur de perdre son pouvoir

La ligne peut parfois paraître mince entre discipline et contrôle, entre limite et pouvoir. La relation disciplinaire avec le jeune peut se transformer en champ de bataille. Il peut arriver à un parent de choisir, consciemment ou non, d’utiliser des mesures disciplinaires pour satisfaire des frustrations émotives ou pour contrarier son enfant quand ses comportements lui déplaisent. Cela peut entraîner fermeture, intolérance et rébellion face au parent.

 

Vos règles familiales ne sont pas respectées? Votre ado a dépassé les bornes une fois de plus? Apprenez-en davantage sur la remise en question et le non-respect des règles à la maison à l’adolescence.